Il n’est pas si fréquent qu’une dépêche de l’AFP (3 avril) relaie les résultats d’un essai clinique, fut-il publié dans le New England, surtout s’il vante les mérites des statines. Ces résultats ont d’ailleurs été repris dans le figaro du 6 avril, n’en déplaise à certains qui, prêts à tout pour exister encore, ont fustigé l’emploi de ces molécules et leurs prescripteurs, accusés de ne pas savoir lire la presse scientifique, ou d’être corrompus par l’industrie. Mais là, dans l’étude appelée HOPE-3, les auteurs estiment au contraire que la prescription de statines devrait être beaucoup plus large.

L’équipe Canadienne de l’université McMaster a ainsi mené un grand essai incluant 12705 personnes indemnes d’affection cardiovasculaire, d’âge moyen 65,7 ans, ayant au moins un facteur de risque cardiovasculaire comme l’hypertension artérielle ou la dysglycémie, recevant pour certaines après randomisation 10 mg/jour de rosuvastatine, et réparties enfin dans 21 pays. Dans cette population au risque cardio-vasculaire dit « intermédiaire », la réduction des accidents cardiovasculaires sous statines seules, à faible dose et en prévention primaire a été de 25%, avec un suivi moyen de 5 ans.

Dans cet essai la rosuvastatine apporte un bénéfice en prévention primaire, et à faible dose, persistant chez les plus de 65 ans. Il reste à mieux préciser ce bénéfice chez les plus de 75 ans, ces derniers relevant plus souvent d’une prévention secondaire.

Détruire sans discernement la confiance du public envers certains médicaments, reste une responsabilité lourde devant de tels résultats.

Oui, AstraZeneca a financé en partie cet essai, ce qui est mentionné, de même que l’arrivée imminente de génériques de ces médicaments. A suivre.

Olivier HENRY

S Yusuf and al., N Engl J Med, april 2016