La nouvelle fut reprise par les différents médias : l’espérance de vie venait de chuter en France, en raison notamment du nombre de décès, 600 000, le plus élevé depuis l’après-guerre (source INSEE). L’espérance de vie à la naissance décroit donc de 0.4 ans chez les femmes et de 0.3 ans chez les hommes y atteignant 85 et 78.9 ans, respectivement. Les raisons avancées furent infectieuses, la grippe, et météorologiques, la canicule. Mais qui se souvient d’un séisme sanitaire en 2015, comparable à celui de 2003, qui lui n’avait pas eu cet effet ? D’ailleurs, tout intérêt médiatique disparut en 48 heures, sorte de soufflet qui avait déjà trop attendu.

« Pourquoi n’a-t-on pas évoqué la baisse de l’espérance de vie durant 3 années consécutives aux Etats-Unis, une baisse clairement attribuée à l’impact grandissant des maladies comportementales, comme l’obésité et le diabète ? Et le poids de ces maladies-là se révèle très largement majoritaire dans la mortalité comme dans la morbidité, américaines comme françaises. C’est que, et ce ne fut pas dit non plus, ces affections ou « non communicable diseases » des anglo-saxons, rendent les individus beaucoup plus fragiles (terme bien connu de notre discipline) aux agressions, fussent-elles infectieuses ou météorologiques. Il semble enfin que ces pathologies ont bien mauvaise presse quand on songe à la couverture médiatique dont bénéficient les maladies infectieuses qui, faut-il le rappeler, représente moins de 2% de la mortalité française, toutes causes confondues…

Réminiscences de frayeurs archaïques et déni du présent comme de l’avenir se conjuguent à la Une de nos journaux. Jusqu’à quand ? »

O.HENRY, C.POUTHIER