L’édition du 4 février du New England Journal of Medicine. présente notre système de soins, ce qui amène quelques interrogations. Monica Steffen (CNRS, Grenoble) rappelle que la France est connue pour la qualité et la générosité de son système de santé, surtout orienté vers les soins curatifs. A l’inverse, les campagnes de prévention ne représentent que 2,3% des dépenses. Notre conception des soins repose sur l’égalité de leur accès et sur l’indépendance de l’exercice médical ce qui, il faut le reconnaître, s’est révélé dispendieux. La population est attachée au système actuel, ce qui rend toute réforme délicate. Pourtant, notre offre de soins est parvenue à une grande complexité, associant les secteurs publics, privés à but non lucratif et lucratif, les praticiens libéraux payés à l’acte, dont 53% de médecins généralistes. Les remboursements par l’assurance maladie sont partiels, complexes, différent entre hôpital et médecins libéraux, ont conduit 96 % des individus à souscrire une assurance privée complémentaire. La coordination des soins quasi impossible aboutit à des déserts médicaux et a une frénésie législative, (une loi tous les deux ans!) L’hôpital, via les urgences, est devenu une porte d’accès privilégiée aux soins, mais à quel prix ? Les ARS, créées pour contrôler l’offre et les coûts, proposent aujourd’hui GHT et virage ambulatoire. A quand un débat sur ce qui est utile pour maintenir nos soins au meilleur niveau, plutôt que contourner les difficultés ? Pourquoi disposer de 6.4 lits/1000 habitants, contre 2.9 au Royaume Uni et aux USA, un peu plus de 3 en Espagne et en Italie, mais aussi 8.2 en Allemagne ? Quant au vieillissement de la population, la quasi absence de prévention, et l’épidémie, très réelle, d’affections chroniques, nul ne semble en dire mot, dans le New England comme ailleurs…
O.HENRY, C.POUTHIER
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