La récente publication de « l’atlas de la démographie médicale » par le conseil national de l’ordre des médecins a été, début juin, reprise par de nombreux quotidiens, dont « le monde », « les échos », « la croix » ou « l’opinion ». Dans cet état des lieux, le nombre de praticiens en activité régulière reste stable (-0.3%), mais le nombre de retraités augmente (+7%) et représente un quart de l’effectif. En revanche, le nombre de médecins généralistes continue à décroitre de l’ordre de -25% d’ici à 2025.

On remarquera au passage que l’on a voulu faire du médecin généraliste le pivot de notre système de santé, le promouvoir comme spécialiste, ce qui fut une bonne idée, mais sans revaloriser ses honoraires. Cette politique de dupes, le maintien d’un numérus clausus imbécile, qui nous conduit, nous gériatres, ainsi que d’autres disciplines, à recourir massivement aux médecins à diplôme étranger soulignent l’incapacité des décideurs à anticiper les évolutions sociétales (comme la féminisation de la profession) et les besoins de la population. Et quand on sait que les médecins généralistes sont largement impliqués dans les soins aux plus âgés, fussent-ils en EHPAD ou à domicile, on ne peut qu’être inquiet.

L’Ile-de-France n’est pas épargnée, où l’on attepicture2nd une baisse de plus de 20% d’ici 2025, Paris en ayant déjà perdu 25% depuis 2007 ! C’est dire l’avenir des débats autour des déserts médicaux et des solutions pour y remédier, jusqu’ici inefficaces, de l’aide à l’installation au revenu minimal garanti, en passant par les maisons de santé. Certains sont partisans de mesures coercitives au motif que les études médicales sont financées par la puissance publique, ce qui est vrai; d’autres préfèrent des « incitations » au motif qu’à défaut, on risque de détourner davantage d’étudiants de la médecine générale, ce qui l’est sans doute aussi. Il faudra bien enfin que prévale un jour la notion d’intérêt général, et que les décideurs montrent qu’ils ont une qualité face aux lobbyings de toute nature : le courage.

Olivier HENRY